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Peut-on concilier colonies et développement ?

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Autant le dire toute de suite la réponse est non, pour plusieurs raisons.
D’abord qu’est ce qu’une colonie et pourquoi? C’est une terre ,un lieu généralement convoité par des éléments exogènes et souvent de manière brutale. Mais cela relève d’un processus bien rodé et très élaboré comme l’expliquait très bien Machiavel dans son ouvrage « le prince » ….

Lorsqu’un état décide de coloniser une terre, il est toujours motivé par des visées expansionnistes, mais aussi et surtout par des raisons hautement économiques , financières ou stratégiques..
Il ne le fait jamais par altruisme, ni pour des raisons humanitaires, mais toujours dans un intérêt quelconque..

Coloniser ne se limite pas à une simple installation, mais relève d’un mécanisme très complexe .
Lorsqu’une qu’un conquérant, explorateur, ou conquistador, débarque sur une terre, , elle n’est jamais inoccupée, même si dans l’absolu il fait comme si c’était le contraire, car il donne toujours l’impression d’être le premier à le découvrir .

C’est pour cette raison que les états se sont très peu occupés des contrées reculées ,hostiles ou inhabitées.
Tout au plus ils y ont installer des stations ou des bases de replis.
Prenez le cas des terres australes par exemple, quand bien même elles auraient des richesses dans leurs sous sols, elles sont très peu convoitées.

L’état colonisateur a besoin non seulement des richesses de la terre sollicitée par son appétit, mais aussi, du savoir et du travail de ses habitants.
La main d’œuvre s’avère très importante, ce qui explique la propension des colonisateurs à pratiquer le servage ou l’esclavage .
Et lorsque la présence d’autochtones ne suffit pas , ils importent une composante exogène qu’il utilise exclusivement à son service ..

Nous l’avons vu pour la Caraïbe ,mais pas seulement puisque l’Amérique, l’Australie, la Nouvelle Zélande et bien d’autres pays, ont eu à en souffrir..
Il n’a pas été rare de voir la population originelle se faire massacrer, voir éradiquer pour être remplacée par une autre, comme ce fut le cas pour celle des régions cité supra..

Les africains et irlandais par exemple furent les premiers concernés.
Mais dans le cas de l’URSS par exemple, pour ce qui concerne l’Ukraine et certains pays baltes ,il s’agissait de déportations d’habitants du pays colonisateur, c’est à dire l’Union soviétique elle même..

En tout état de cause, lorsque tous les mécanismes sont déployés et que l’objectif est atteint, le colonisateur peut commencer à tirer tous les profits qu’il avait prévu comme le ferait tout investisseur ….
Comme on suppose que tout investissement ne se concevrait jamais sans retour, cela irait sans dire, et pourrait sans doute expliquer que tout ce qui se produit dans la colonie doit revenir à l’investisseur et à personne d’autre.

Cependant, l’occupant, pour arriver à ses fins ,ne doit pas pour autant négliger la population locale…
Alors, il va user de stratagèmes éculés, utilisés depuis la nuit des temps par tout pays occupant un autre.
.Il va culturellement imposer ses us et coutumes, en prenant soins d’annihiler tout ce qu’il y a sur place.

C’est pour cette raison que pour la plupart du temps, il va imposer sa religion, une tacite qu’il utilise déjà avec sa propre population pour l’asservir, sans risque de jacqueries …
D’abord par la ruse et la douceur et si cela ne suffit pas, par la violence comme ce fût le cas dans la plupart des régions convoitées.

C’est d’ailleurs l’un des points clés d’une colonisation aboutie et il convient de ne pas passer à coté au risque d’être à la merci d’incessantes rébellions.
Assommer toute envie de révolte en donnant un espoir illusoire à la population, en lui faisant miroiter une vie meilleure dans un espace tout à fait fictif, connu sous le nom de paradis ….

On aurait l’impression que c’était faire preuve de légèreté en utilisant pareille stratégie.
Absolument pas et force est de constater que cela a fonctionner et fonctionne encore ,car bien des peuples colonisés se laissent toujours abuser par ce genre de chimère. Il suffit de comptabiliser le nombres d’adeptes à toutes ces religions pour comprendre de quoi on parle .

Mais la religion n’est pas toujours imposée comme ce fût le cas pour la Turquie avec la Grèce ou elle n’imposa pas de substituer l’islam à la religion orthodoxe …..
Un exemple parmi tant d’autres, mais qui démontre que quelque soit la méthode, on ne colonise que si ça rapporte et, que cela dépend de ce que l’on recherche.

Pour certains, ce sera de la production de cultures ou de matières premières.
Pour d’autres une simple visée stratégique comme c’est encore le cas avec l’Angleterre qui occupe encore l’île de Gibraltar pour avoir simplement une main mise sur le canal du même nom et qui s’avère hautement important pour les affaires maritimes ..

Curieusement la colonie donnera souvent l’impression de fonctionner dans une bonne harmonie. Toutefois, que personne ne s’y trompe, ce sera toujours au profit du colonisateur, et au dépend, des autochtones.
Jusqu’au tout début du 19e siècle Haïti donnait l’impression d’être une espèce de paradis ou il faisait bon vivre. C’était loin d’être le cas, et là encore ça dépendait pour qui ..

Cette île donnait à la France une place quasiment conforme à celle ou l’on trouve actuellement les pays du golf. Elle détenait le monopole de production du sucre, or blanc de l’époque, comme les pays de l’OPEP le font pour le pétrole..

Ce qui lui avait permis d’accumuler d’infinies richesses, dont les répercutions lui permettent encore aujourd’hui d’avoir cette place sur l’échiquier mondial..
Qu’en était t-il de la population locale importée ou autochtones ? Elle vivait dans la misère écrasante de la soumission et de l’esclavage.

Mais quelque soit la période, celle qui vient d’être citée ou celle que nous vivons aujourd’hui, on voit bien qu’en aucun cas, il n’est convenu de développer quoique ce soit dans une colonie, si ce n’est au profit exclusif du colonisateur. .

C’était le cas pour le sucre comme cela a été cité mais aussi pour d’autres monocultures qui lui profiterait.
La banane, à certains endroit, le café, le thé, ou l’ananas, tout était destiné à sa consommation et à son économie ..
Rien n’aurait vraiment évolué, puisque les multinationales qui se sont substitués aux états colonisateurs, le font avec l’huile de palme…

Néanmoins l’exemple du monopole du sucre cité plus haut et qui n’existe plus aujourd’hui ,ne doit pas nous induire en erreur quant au maintien encore aujourd’hui de certaines colonies.
On les situent principalement dans la caraïbe, et l’océan indien, mais aussi dans certains pays baltes, ou en Chine ou cela se perçoit moins .
Les intérêts sont sans doute différents, mais il paraît tout à fait claire qu’une colonie, n’a pas vocation à se développer.
Si ce n’est dans certains rares secteurs, comme c’est le cas en Nouvelle Calédonie ou la production hautement subventionnée de nickel semble faire illusion..
Et nous le savons, c’est pour le seul profit de la métropole (pour une fois l’utilisation du mot est bien claire) qui s’est rendu maître des lieux…….

Nous ne sommes plus dans la période de l’esclavage, ou paraît-il de la colonisation.
Alors qu’est ce qui expliquerait que les populations des dites colonies françaises, ou autres , soient atteints par cette cécité qui leurs permet de croire à un développement que leurs feraient miroiter leurs propres hommes politiques ?
Comment est ce possible, après tant d’années de désillusions ?…

On voit bien que tout a été mis en œuvre pour leurs enlever même leur dépendance alimentaire, ce qui les rend extrêmement vulnérables.( 80% des produits sont importés)
Prenons le cas des Antilles dites françaises. Jusque dans les années 60/70,le mode de consommation des populations locales et leurs productions vivrières leurs permettaient de moins dépendre des importations.

Quand est -il aujourd’hui ?
Cette production vivrière à quasiment disparu pour laisser place à une importation quasi monopolistique de toute l’alimentation. Un vaste marché tenu par une minorité issue de la même espèce que le colonisateur, c’est dire que la collusion est parfaite..
Quoiqu’il en soit et contre toute attente, les habitants ne s’en plaignent pas. Car bien en amont ,il y eut, une forte habile destruction de leurs habitudes alimentaires et culturelles ….

Naturellement, ces départements dits d’outre mer sont tenus à coup de subventions européennes, qui laissent une impression d’harmonie qui ne trompe pourtant personne .
Et soit dit en passant, il conviendrait de faire admettre que ces subventions ne sont ni plus ni moins que des rétrocessions d’une partie de sommes prélevées sur la population à travers une scandaleuse politique des prix.

Ce qui démontre que ni l’Europe, ni la France ne peuvent s’enorgueillir de faire preuve d’une quelconque générosité.
Car il convient de rappeler que la colonie rapporte d’abord et surtout au colonisateur . Pas aux habitants des pays soumis qui ne pourraient espérer la moindre forme de développement.

Pour conclure, il paraît tout à fait évident, qu’aucune colonie n’aurait vocation à se développer, ce qui serait contraire au but que se serait fixé le colonisateur.
D’ailleurs si c’était le cas, cela risquerait de se retourner contre lui ..

Une fois la colonie développée, elle n’aurait d’autre objectif que de chasser son occupant.
Ce qui, il faut l’avouer, ne fait surtout pas partie de ce pourquoi il l’avait colonisé….
C’est bien pour cette raison et définitivement, que parler de développement dans une colonie, relèverait du mirage, voir de la sottise.


Markus Delgrès …..




Markus Delgres

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