Dans cette France prise dans la bourrasque d’une vraie crise identitaire, cette question cruciale relève d’une préoccupation majeure.
On peut déjà l’associer à une deuxième interrogation: Qu’est ce qu’un français .?
Logiquement, cela relève de la nationalité, puis de la citoyenneté. Mais dans un pays ou rien ne se fait jamais comme chez les autres ,faire partie de cette nation s’assimilerait à tout autre chose.
Pour bien étayer le propos, il convient de définir en tout premier lieu, la notion de nationalité, et son origine.
La nationalité est un concept multiforme relatif à l’appartenance d’un groupe de personnes à une nation culturelle ou politique déterminée ou possédant la volonté d’exister .
La latitude sémantique du terme est principalement due à un désaccord entre deux écoles de pensée du XIX siècle basées sur des traditions opposées; l’universalisme de la philosophie des lumières française et le relativisme culturel du nationalisme romantique allemand.
A tout point de vu, il est permis de constater encore une fois que cette universalité viendrait de la pensée européenne. En France en tout cas, la nationalité qui est comme partout ailleurs, une preuve légale de l’appartenance à un état, s’impose réellement au citoyen à partir de l’année 1860.
Néanmoins, ce n’est qu’à partir de l’année 1917 que l’identité se serait matérialisée par un document administratif, la carte d’identité..
Mais alors qu’il convient de déduire que l’identité et la citoyenneté relèveraient d’un concept culturel et même administratif, en France elles s’attacheraient à une appartenance raciale .
La France est un pays ou la notion de race à une importance toute particulière. Tout individu vivant ou circulant sur ce territoire est immédiatement perçu comme faisant partie d’une race, à partir de son faciès …
Alors que les races n’existeraient pas chez l’homme, cette notion serait encore bien inscrite dans la constitution française. Même si un temps, François Hollande aurait émis le souhait de la supprimer, elle y demeure bien inscrite en filigrane.. .
Plus que pour tout autre habitant d’un pays de la sphère occidentale, le français assimile son identité à une apparence physique et morphologique, mais il n’est pas le seul.
Le Japon par exemple l’aurait carrément inscrite dans sa loi fondamentale, ou d’ailleurs, l’eugénisme est inscrit comme principal élément de l’élévation de la nation ..
Autant aller droit au but.!! Il faut signaler que pour le français lambda, être français, c’est être « blanc » .Et cela reste bien inscrit du plus profond de son esprit et cette transmission de pensée se fait de générations en générations, si ce n’est en plus par transmission quasi génétique. Tout est conçu pour qu’il le ressente ainsi, et cela commence au niveau des institutions, pour s’achever au niveau de la littérature ,des médias et même de l’école.
On pourrait presque être surpris par ce genre de déduction, tant le concept de nationalité ne s’attacherait pas à ces détails .Mais on sait aussi que la contradiction sémantique est une spécialité bien française.
A partir de ce genre de questionnement, il paraît donc tout à fait logique que le concept d’appartenance ethnique qui définirait la citoyenneté en France, ne pourrait s’appliquer à la négritude d’autres citoyens vivant dans ce pays.
Pourtant, il conviendrait bien de faire le distinguo, entre être français et être de nationalité française. Mais, même à ce niveau, le français dit improprement de souche ne semble pas disposé à concéder la moindre parcelle de considération ..
Partant du principe que comprendre son temps serait plus difficile à qui ignorerait tout du passé, il convient de revenir légèrement en arrière et de reprendre ce qui se disait fort à propos, il n’y pas si longtemps que ça.
De Gaulle qui un temps occupa la fonction de chef d’état de ce pays, disait promptement et sans que cela ne choque personne:
» IL y a des noirs, des jaunes, mais fondamentalement la France est un pays de race blanche »
Ce qui sous entend que la francité de ceux qui n’appartiendraient pas à cette race blanche, relèverait du folklore.
Il n’y aurait pas d’autre mot, tant ce personnage mégalomane, imprégné de la pensée maurassienne et fondamentalement raciste, considérait les autres citoyens mis sous le joug de son pays comme une sous espèce.
Pendant la période de colonisation, il allait jusqu’à les désigner sous le vocable de sujets, ceux habitant les contrées conquises , et parfois mêmes ceux vivant sur le sol français….
S’il est permis de relever cette particularité bien française ,née sans doute de la fondation de la nation France ,il conviendrait également de s’adonner à quelques comparaisons….
On pourrait par exemple citer le cas des Etat unis, pays ou le racisme est une tradition et ,ou pourtant la notion de nationalité et de citoyenneté ne s’associe pas à l’apparence physique .
On peut donc encore une fois, faire le rapprochement avec la fondation de cette nation, née d’immigrations successives .
Mais on peut aussi l’opposer à l’Australie par exemple qui quoique pays né du même principe ,ne reconnaissait que bien tardivement la citoyenneté des aborigènes pourtant natifs du pays..
Le cas de l’Amérique latine s’avère tout aussi particulier pour être signaler dans cette étude.
Si au Brésil par exemple la nationalité ne s’associe pas à la notion raciale, dans d’autres pays comme l’Argentine l’éviction de ce genre questionnement avait été orchestré par l’extinction progressive de la race dite noire sur le sol argentin..
Dans d’autres pays tels l’Uruguay ,le Paraguay ,le Chili, qui ont eu à connaître la déportation d’africains sur leur sol, le problème de citoyenneté ne se posait pas. Tant il est vrai, l’existence de communauté d’origine africaine était carrément niée(Encore maintenant) en attendant sa totale dilution dans un métissage forcé ou incitatif mis en place depuis longtemps.
Mais cette réflexion ne saurait se terminer sans un retour sur ce qui se passe en France ou il est convenu d’appeler un chat en chat.
En France, il est entendu depuis l’existence de la notion de nationalité que le français serait un blanc en apparence.
Ce qui laisse supposer que n’importe quel individu de cette « race » et quelque soit sa nationalité passerait pour français.
Un russe vivant en France par exemple sera perçu comme, français, même s’il a gardé sa nationalité. Tandis qu’un individu d’origine sénégalaise, né en France et n’ayant jamais mis les pieds dans le pays de ses parents, sera perçu comme immigré. Liste non exhaustive, puisque, Antillais, maghrébins et même français dit de souche et très typés, seront confrontés à la même considération.
Ce qui n’empêche pas les individus de la communauté gitane, pourtant faisant partie des premiers habitants de l’Europe et ayant une apparence physique tout à fait conforme au concept racial européen, d’être considérés comme des sous citoyens. Il faut tout de même préciser que cette perception ne s’établit que dans le cas ou certaines particularités seraient relevées dans les documents administratifs spécifiques dont ils disposent pour circuler sur tout ou partie du territoire..
Même un individu d’origine maghrébine ayant ce teint, pourvu que sa nationalité ne soit pas inscrite sur son front, pourrait passer pour français, ou pour le moins ,européen.
D’ailleurs la communauté maghrébine n’étant pas bien perçue, il arrive même que certains maghrébins (très peu) qui ont le type européen se fassent passer soit pour des espagnols, soit pour des italiens.
Comme on peut le voir, l’apparence physique est pour le moins déterminant dans ce pays racialiste.
Ce qui permet sans aucun effort de déduire qu’un individu de type africain ou afro-caribéen ne pourrait être considéré comme français, même si il est vrai, il pourrait détenir un document administratif qui lui attribuerait la nationalité française.
Même né dans ce pays, et n’ayant jamais voyagé ailleurs, il sera considéré de bonne grâce au mieux comme africain, antillais (même pour un métis afro/européen) ,étranger ,migrant et tout simplement concentré dans le terme générique de nègre. Nègre dans le sens péjoratif qui ramène bien sûr à une forme de sous citoyenneté à peine masquée..
Néanmoins et globalement les individus de type mélanoderme n’auraient pas de nationalité, ni de citoyenneté. Ils seraient d’abord et surtout associés à leur apparence physique, à leur couleur de peau.
Ils ne peuvent pas être attachés à une notion de nationalité, même s’il s’agirait d’un droit absolu comme le stipule une certaine déclaration universelle des droits de l’homme .
Droit de l’homme blanc sans aucun doute, car dans l’esprit, le mélanoderme serait exclu pour demeurer à tout jamais un noir un nègre .
Ce qui fait de lui un « apatride » de naissance, car jusqu’à preuve du contraire, la nationalité nègre n’existe pas.
Alors le « noir » qu’il est, et noir il restera ne pourra jamais prétendre d’être français, tout au plus détenir une nationalité qui lui confère quelques facilités parfois enviées et considérées comme saint graal par d’autres personnes qui lui ressembleraient ….. ..
Markus Delgrès..