On ne fait jamais assez attention aux paroles des chansons, pour la plus part du temps se laisser bercer uniquement par la mélodie .
Si nous prenions un tant soit peu le temps de tendre l’oreille pour écouter les paroles d’une des chansons du chanteur français Hugues Auffray , ( Les crayons de couleur), elles devraient logiquement éclairer nos lanternes sur la question du colorisme, bien encrée dans la mentalité française ..
Cependant, en analysant bien les paroles, vous allez comprendre qu’elles reprennent quasiment point par point la pensée de Renan…
Souvenez vous !
-Si tu le peints en blanc mon fils il fera la guerre ..Autrement dit le blanc, ce que disait exactement Renan . Le blanc une race de soldats et de maîtres.
– Si tu le peints en jaune, il aura peur toute sa pauvre vie ( le chinois) ..
– Si tu le peints en rouge, on viendra lui volé ses terres (indiens d’Amérique)
– Si tu le peints en noir plus de liberté pour lui…Cela coule de source et c’est surtout cet exemple qui perdure encore.
Cette chanson faussement compassionnelle, et qui rappelle étrangement celle de Pierre Péret « Lili venant de Somalie vider les poubelles à Paris » , démontre bien à quel point en France le collorisme demeure important dans les arcanes de la société .
Si du XVe au XIX siècle la couleur servait d’unité de mesure à une hiérarchie humaine inventée par certains, dès la fin du XXe siècle, elle devenait un marqueur social, sans pour autant perdre son fond de racisme, du moins pour ce qui concerne les individus de souche africaine .
Mais alors que la science aurait démontré que cette hiérarchisation de la race humaine était une vaste supercherie, on remarquera que si les stigmatisations sur la supposée race rouge et même jaune ont disparues, elles perdurent bel et bien pour ce qui concerne « les noirs » .
Mais cela pourrait paraître étonnant, car si la fin du XXe siècle laissait néanmoins entrevoir une illusoire unification de la race humaine, le XXI au contraire semble raviver les relents plus ou moins racistes et tribaux, et encore plus marqués à l’endroit des africains et afro- descendants.
En France, alors que les maghrébins seraient aux prises dans un affrontement ethnico-religieux, ceux des individus qui auraient le type africain ou afro-descendant, seront automatiquement vus , comme des migrants, même si certains nés en France n’auraient jamais mis les pieds ailleurs. Ils serviront même comme martingales politiques en passant pour des profiteurs de prestations sociales et enfin pourvoyeurs de délinquance .
Quoiqu’il en soit, toute personne de type africain et dérivé sera aussi perçu comme trafiquant de drogue, individu peu fiable à tout niveau et même pour ceux qui seraient insérés, il ne viendrait à l’idée de personne de penser qu’ils n’occuperaient autre chose que des postes subalternes.
Et d’ailleurs, même au niveau des institutions , on fera tout pour qu’il en soit ainsi, tant le blanc est perçu comme porteur de cravate ,blouse blanche, et à contrario, tant le « noir » lui comme porteur de blouse bleu et équipé de balai .
D’ailleurs , personne ne lui contestera le postulat à une fonction très subalterne, mais aucun n’accepterait qu’il caresse même le rêve de candidater à un poste de cadre ou de direction, même s’il a les compétences. Tout cela peu paraître caricaturale , mais relève d’un état d’esprit bien encré dans la société française.
Il suffit juste de jeter un bref regard dans les entreprises, et même dans l’administration ou pourtant l’égalité serait inscrit sur le fronton virtuel de son organisation. A ce sujet, allez voir qui trouve t-on à tout niveau de la hiérarchie administrative dans les colonies françaises .
Tout cela vous rappellera que la dualité des couleurs noire et blanche, désigne désormais un rang social. Noir/pauvre , Blanc/ riche . ce qui bien sûr est faux et relève des idées préconçues..
Mais la France est un pays ou le préjugé est une seconde nature..
Markus Delgrès .
.
Le colorisme, ce mal français.
