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Qui peut croire que la misère serait plus douce au soleil ?

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C’est le chanteur Charles Aznavour qui prétendait dans l’une de ses chansons que la misère serait plus douce au soleil, et on peut supposer que son parolier à l’époque, aurait utilisé le second degré, tant la rhétorique paraît contestable .
D’où qu’elle vienne et quelque soit le lieu, la misère finit par rester la misère et ce beau proverbe martiniquais ( Roche la riviè, pas konèt doulè roche soleil ) voudrait démontrer tout le contraire des paroles de cette chanson, et pour le coup, c’est celle du soleil qui serait la plus dure.

Comme bien souvent, proverbes et maximes demeurent si encrés dans les mémoires, au point que les choses les plus farfelues, finissent par s’imposer comme des vérités absolues, à l’image des inepties cent fois répétées.
C’est sans doute pour cela que les gouvernements respectifs français avaient finit par l’imprégner, au point de rester indifférents sur la misère sociale qui sévit dans les colonies souvent au climat fort agréable .

Comment supposer autrement, lorsque l’on constate que dans ces contrées, les prix appliqués seraient 10 à 15% plus élevés (une moyenne qui ne veut rien dire) et que les revenus par habitant seraient 20 à 30% plus bas que la métropole colonisatrice ..Certes, là aussi il s’agirait de moyenne, car s’il y a bien un endroit ou l’on trouve le plus de disparité au niveau des revenus, c’est bien dans les colonies outre mer.

La misère comme la famine ,n’est jamais naturelle, mais découlerait souvent d’une subtile organisation. Si pour la famine, les révoltes seraient plus rares, car les victimes ont peu souvent la possibilité de se soulever, la misère sociale en revanche débouche toujours sur des jacqueries, des révoltes, voir des révolutions. A cela, il convient de noter qu’un estomac vide ,sera ressenti de la même manière au Groenland ou à Zanzibar et que les réactions peuvent s’avérer parfois brutales.

Le peuple martiniquais est une composante dont la résilience a été éprouvée et c’est sans doute pour cette raison qu’il est accusé d’être un peuple de paroliers.
En effet, si ce n’était pour se libérer du joug de l’esclavage, les martiniquais n’ont jamais été des adeptes de la jacquerie, et des mouvements de révolte. Même si parfois quelques soubresauts de travailleurs, comme en 1967 pour les plus récents ou en 2009 sont là pour rappeler que sa passivité aurait quelques limites ..

Mais là ou toutes ces manifestations étaient portées sur des revendications ciblées au vu d’amélioration du pouvoir d’achat, ce qui se passe actuellement relève de bien autre chose et il semblerait bien que ce soit un soulèvement du à l’appel des ventres.
C’est le paramètre le plus dangereux et le plus imprévisible, et d’aucuns ont intérêts à y porter un peu plus d’attention. Lorsque la misère atteint un tel niveau et que les estomacs rentrent dans la danse, les peuples peuvent soulever des montagnes et nul ne peut les arrêter ,même avec les armes les plus sophistiquées .

Ces révoltes peuvent déboucher sur les résultats les plus irrationnels et on a bien vu, en Martinique et en Guadeloupe, que la rue a bien perdu le sens de la mesure (quoique) et que désormais, nous ne sommes plus dans un climat de revendications sociales, mais de mouvements insurrectionnels qui, s’ils s’intensifiaient dans la durée, pourraient déboucher sur des bouleversements imprévisibles .

Ce qui laisse entendre au gouvernement complice de cette misère orchestrée par la caste béké ,qu’il aura tout intérêt à circonscrire ce feu, en prenant des mesures très fortes dans l’esprit d’un « Grenelle » spécifique aux Outre mers , s’il ne veut pas que les choses dégénèrent .Autant lui rappeler qu’il devra éviter les saupoudrages méprisants, encore plus lorsqu’ils d’écouleraient de martingales électorales.

Quelque soit la suite de cette « insurrection », il convient de comprendre que ce sont autant de ballons d’essais qui finiront un jour ou l’autre par déboucher sur la réussite d’un chaos généralisé .Les situations dans les autres colonies étant exactement les mêmes, la contagion pourrait mettre le feu au baril de poudre qui n’attend que la bonne étincelle.

Markus Delgrès ..

Markus Delgres

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